La prochaine Renault 5, attendue en 2023, ne sera pas seulement un véhicule de transport. Elle pourra aussi faire office de batterie tampon pour approvisionner le réseau électrique, voire permettre à ses utilisateurs de brancher une machine à café ou un barbecue. Hormis les versions d’entrée de gamme, les R5 seront équipées en série d’un chargeur bidirectionnel, capable de stocker du courant électrique mais aussi d’en délivrer. Après avoir mené des expérimentations en Espagne et aux Pays-Bas, le constructeur va généraliser cet équipement.
Cette batterie, d’une capacité d’environ 52 kilowattheures (kWh) pour une autonomie qui devrait être un peu inférieure à 400 km, pourra être programmée afin de se charger lors des heures creuses, lorsque l’électricité est bon marché, et restituer de l’énergie pendant les heures de pointe, lorsque le kWh est facturé plus cher.
Le propriétaire, qui aura la possibilité de déterminer le niveau de charge minimum de sa voiture en début de matinée, sera donc rémunéré. En tablant sur une immobilisation moyenne de neuf heures par jour, le constructeur assure que celle-ci pourrait permettre de diviser de moitié la consommation d’électricité à domicile de sa voiture.
Les acheteurs de la R5 intéressés par un chargeur dit « V2G », pour « vehicle to grid » (« de la voiture au réseau »), devront s’équiper d’une borne bidirectionnelle, qui ne réclame pas de supplément de prix, précise Renault. Pour leur habitation, il leur faudra aussi souscrire un abonnement à l’opérateur allemand The Mobility House, qui propose une alimentation en énergie « neutre en carbone » et à un tarif « au global plus intéressant que le tarif régulé ».
Grâce à sa batterie, la voiture pourra aussi alimenter (avec une puissance de 3,7 kilowatts) par ses propres moyens des équipements tels qu’un vélo électrique ou un barbecue électrique grâce à un adaptateur connecté à la prise de charge de la voiture.
La R5 électrique, dont le tarif n’a pas encore été annoncé (l’entrée de gamme pourrait s’afficher un peu moins de 25 000 euros, bonus déduit), sera le premier modèle doté d’un chargeur bidirectionnel. Les autres véhicules électriques de la gamme, comme le futur Scénic, mais aussi l’actuelle Mégane E-Tech, en seront également dotés.
Cette innovation sur la R5 électrique, Eric Feunteun en est particulièrement fier. Elle est l’un des aboutissements de l’équipe qu’il dirige, Software République. Celle-ci regroupe des ingénieurs de Renault, dont il est issu, mais aussi de Thales, Orange, Atos, Dassault Systèmes ou STMicroelectronics, les fleurons français de la tech, et se veut emblématique de la méthode De Meo.
Dans son plan stratégique Renaulution, le directeur général de Renault fait en effet le pari des partenariats pour donner un coup d’avance à un groupe qui, de par sa taille et l’état de ses finances, ne peut pas investir autant que ses rivaux. « Dix-huit mois après la constitution de cette alliance, nous commençons à avoir du recul », explique, enthousiaste, l’ingénieur breton. Aspect « made in France »
Pour la batterie bidirectionnelle, Software République a beaucoup travaillé sur la cybersécurité, par exemple. « Cent mille voitures, cela peut avoir un impact équivalent à celui d’une centrale nucléaire sur le réseau électrique », signale Eric Feunteun. Ses autres innovations, Software République en fera la démonstration lors de l’édition 2023 du Salon VivaTech, du 14 au 17 juin, à Paris, en présentant un concept car, « Human First Vision ».
« Chaque projet mobilise au moins trois partenaires de l’alliance et, dans 80 % des cas, une start-up, et nous faisons déjà 30 millions d’euros de chiffre d’affaires », explique-t-il, en insistant sur l’aspect « made in France ». Pour la batterie de la R5, ils ont embarqué la société Lacroix Electronics, implantée dans le Maine-et-Loire. Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Renault présente une nouvelle gamme plus électrique et dit adieu aux vieilles gloires
Alors, que verra-t-on à VivaTech ? Une voiture qui vous reconnaît à votre démarche et s’éclaire à votre approche, vous interroge, vous reconnaît et vous ouvre. Une sonorisation de l’habitacle qui permet d’adapter l’environnement sonore à chaque passager : votre smartphone peut ainsi lire un SMS au conducteur sans que les autres l’entendent.
Une voiture qui sent votre humeur – surtout votre niveau de stress – et y adapte l’ambiance lumineuse et sonore ainsi que l’accompagnement de la conduite. Une utilisation des données recueillies sur les autres véhicules (freinages plus fréquents, par exemple) qui permet de vous alerter quand vous entrez dans une zone de circulation particulière (proximité d’une école). Sans oublier les innovations qui ne se voient pas pour protéger votre véhicule des cyber attaques…